« Je suis de retour ! » : libre, Lula exprime sa « solidarité » avec les gouvernements de gauche sud-américains
L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a exprimé samedi sa « solidarité » avec les gouvernements de gauche de la région, s’en prenant à Jair Bolsonaro et à Donald Trump, dans un discours prononcé samedi 9 novembre, au lendemain de sa libération de prison.

Lula avait reçu vendredi de très nombreuses marques de soutien de la part des dirigeants latino-américains de gauche après sa remise en liberté. L’ancien président, emprisonné depuis avril 2018 et libéré à la faveur d’une décision de la Cour suprême, a prononcé un discours devant le syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo del Campo, rassemblant des centaines de sympathisants.

Il a lourdement accablé l’actuel président du Brésil, Jair Bolsonaro. « Jair Bolsonaro a été élu démocratiquement [en 2018], mais pour gouverner pour le peuple brésilien, et non pour les miliciens de Rio de Janeiro », a hurlé Lula sous les vivats de militants vêtus de rouge.

Il faisait référence à la mort sous les balles en mars 2018 de la conseillère noire de Rio Marielle Franco, un assassinat encore non élucidé mais pour lequel les milices de Rio ont été pointées du doigt. Sortant de son silence samedi matin, Jair Bolsonaro avait demandé sur Twitter aux Brésiliens de « ne pas donner de munitions à la canaille » Lula, « qui est momentanément libre, mais chargé de culpabilité ».

Cette première passe d’armes donne la tonalité du combat politique qui s’annonce, dans un pays menacé d’une polarisation encore plus grande après la libération de Lula.

« Ce n’est pas un juge, c’est une canaille »

« Je suis de retour ! », a également lancé un Lula furieux à Sergio Moro qui l’avait condamné pour corruption. « Ce n’est pas un juge, c’est une canaille », a-t-il ajouté au sujet de celui dont l’impartialité a été contestée par des fuites et qui est devenu le ministre de la Justice de Jair Bolsonaro.

Lula a aussi consacré quelques minutes de son allocution pour donner sa vision de la situation en Amérique latine. « Evo Morales a été élu [en Bolivie], mais la droite, comme ici, n’a pas voulu accepter le résultat », a lancé Lula.
"« Nous devons être solidaires avec la Bolivie, nous devons être solidaires avec le peuple chilien, nous devons être solidaires avec le peuple argentin. Nous devons demander à Dieu que le camarade Daniel [Martinez] gagne les élections en Uruguay afin que le néolibéralisme ne s’y implante pas », a déclaré Lula."

« Nous devons être solidaires avec le peuple vénézuélien », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il était « normal d’avoir des critiques (…) mais c’est le peuple de votre pays qui règle les problèmes de votre pays ».

« Que Trump résolve les problèmes des Etats-Unis »

Ovationné par ses partisans, Lula a également profité de l’occasion pour s’en prendre à Donald Trump, avec qui le président d’extrême droite Jair Bolsonaro entretient des affinités politiques et idéologiques. « Que Trump résolve les problèmes des Etats-Unis et ne vienne pas embêter les latino-américains, il n’a pas été élu au poste de curateur du monde ! »
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Dans une vidéo postée sur Twitter samedi matin, Lula s’est dit « libre pour contribuer à libérer le Brésil de cette folie qui se déroule en ce moment dans le pays ». « Il faut s’occuper de l’éducation, de l’emploi, des salaires, de la culture, du plaisir et de la joie », a-t-il expliqué. Le taux d’approbation du gouvernement Bolsonaro est en chute libre dans les sondages depuis son entrée en fonction en janvier tandis que l’économie stagne toujours.

Le septuagénaire Lula s’est également efforcé de paraître assez vigoureux pour mener d’âpres combats : « Je suis un très jeune homme. J’ai l’énergie d’un trentenaire », a-t-il assuré.

Emprisonné en avril 2018 pour huit ans et dix mois pour avoir touché des pots-de-vin, Lula a été libéré vendredi à la faveur d’un arrêt de la Cour suprême qui interdit une incarcération tant que tous les recours devant la justice n’ont pas été épuisés.

C’est au syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo que Lula était devenu un leader syndical reconnu. C’est aussi dans cette ville que Lula s’était rendu à la police le 7 avril 2018 pour commencer à purger sa peine.

Par l'Obs avec AFP (publié le 10/11/2019)
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