Avec sa communauté Emmaüs, Cédric Herrou permet aux migrants de trouver un havre de paix
Près de Nice, à la frontière franco-italienne, existe un lieu alternatif unique où se mêlent solidarité et écologie. Cette communauté Emmaüs, dont nous vous parlions l’année dernière, vit de la vente en circuit court de ses produits agricoles 100 % biologiques. Dans une vidéo signée Konbini, Cédric Herrou nous en dit plus. Retour sur une initiative solidaire exemplaire.
Une communauté unique en son genre

Depuis juillet 2019, « Emmaüs Roya » est la 120e communauté Emmaüs de France. Mais elle est surtout la toute première à être tournée vers l’agriculture.

Et dans cette petite exploitation agricole de la Vallée de la Roya, l’exclusion n’a pas sa place. Ici, réfugiés, demandeurs d’asile, SDF ou bénévoles : tout le monde peut devenir compagnon.

Cédric Herrou, qui se définit comme un “paysan militant”, a déjà aidé des centaines de personnes en leur ouvrant les portes de sa ferme. Au micro de Konbini, il explique :

    « Que ces gamins viennent d’Érythrée ou du Soudan, je n’en ai rien à foutre, moi je ne laisse pas un gosse de 15 ans en bord de route. »

    « Je ne le fais pas pour la personne, je le fais pour moi. Pour mon éthique et pour ma morale. »

C’est en 2017, alors que 250 personnes étaient présentes sur le lieu, que l’idée de leur donner une activité pour les aider à se reconstruire et à trouver du sens a commencé à germer. Mais ce n’est qu’alors qu’il sillonne la France pour la promotion du film Libre (Michel Toesca, 2018), qui raconte son combat, que le militant a l’idée de créer une communauté Emmaüs. Une solution idéale pour donner du travail “à des gens qui normalement n’ont pas le droit de travailler”.

Une route semée d’embûches… et de victoires

Aujourd’hui, Cédric Herrou est considéré comme un symbole de l’aide aux migrants. En 2017, il est arrêté pour avoir accueilli des réfugiés chez lui. Sa condamnation, qui a à son tour traversée les frontières, remet en lumière ce débat épineux. Finalement, le Conseil constitutionnel censure partiellement le “délit de solidarité” pour consacrer le “principe de fraternité”.

Mais son combat n’est pas au goût de tous. En plus de ses poursuites judiciaires, ses voisins ont obtenu la construction d’un mur sur le chemin. « J’ai réussi à libérer des gens des frontières et je me suis retrouvé avec une frontière chez moi » ironise-t-il. Toutefois, depuis la vente des produits agricoles sur le marché, l’accueil des habitants est bien meilleur.

Selon lui, c’est grâce à l’indépendance et à l’autonomie de la communauté qu’il peut continuer à mener son combat à bien.

    « Je n’ai pas de crédit, je n’ai pas de loyer, tout est autoconstruit. Et là tu peux lutter, tu peux ouvrir ta gueule. »

En mai dernier, Emmaüs Roya s’est agrandie grâce à l’achat d’un nouveau bâtiment pour faire de la transformation et de la vente directe.

Un remarquable exemple de solidarité et de lutte pour ses convictions. Pour en savoir plus sur la communauté, c’est par ici.

Publié le 11/08/2020
Vidéo à voir sur le site Positivr