Contre l'implantation de McDonald's, l'île d'Oléron crée sa
Grégory Gendre, le maire de Dolus-d'Oléron, se bat contre l’enseigne américaine de restauration rapide depuis 4 ans.

"MacDo No on Oléron", peut-on lire à l'entrée de la Cailletière, ancien domaine agricole de 4 hectares longtemps abandonné aux ronces et devenu ce samedi 21 avril une "ZAD" d'un nouveau genre. Située dans la commune de l'île d'Oléron en Charente-Maritime, le "laboratoire à ciel ouvert" des nouvelles pratiques de l'alimentation durable, ou Zone d'alimentation durable (ZAD), a été inauguré par quelque 200 personnes sur les 3.000 que compte Dolus-d'Oléron.

Conférences, ateliers découvertes et pédagogiques, spectacles pour les enfants et concerts sont au programme de cette réunion qui se veut bon enfant, affirme "Le Figaro".

"Nous voulions créer une alternative"

Ancien journaliste économique et ancien chargé de communication de Greenpeace, le maire de Dolus-d'Oléron, Grégory Gendre, se bat depuis quatre ans contre l'implantation d'un restaurant McDonald's dans sa commune. Pour lutter contre le fast-food, il propose une alternative avec sa Zone d'alimentation durable, portée par un Mouvement pour une alimentation citoyenne sur Dolus d'Oléron (Mac Dol) et soutenu par le syndicat agricole de la Confédération paysanne.

Il y a dix ans, le même maire créait "Roule ma frite", une association qui recycle l'huile de friture en carburant.

"Face à MacDo, nous ne voulions pas rester sur la défensive, nous voulions créer une alternative", assure Grégory Gendre.

En septembre dernier, le tribunal administratif de Poitiers a annulé le refus de permis de construire de l'édile de 40 ans à l'enseigne américaine, avec injonction de délivrer le document sous peine d'une astreinte de 300 euros par jour.

Depuis, Grégory Gendre a fait appel et, plutôt que de délivrer le permis de construire, a organisé une collecte pour payer l'astreinte. En début d'année, il annonçait avoir levé 26.412 euros, "provenant des indemnités des élus et des dons de 304 particuliers de la France entière". Le maire avait ensuite lancé "une campagne de 900 personnes donnant chacune 10 euros" pour financer les trois prochains mois d'astreinte. La cagnotte aurait aujourd'hui atteint les 32.000 euros.

Un collectif pro-MacDo

Cette ZAD, déjà évoquée en janvier dernier est "un concept développé avec la Confédération paysanne", expliquait alors le maire à l'AFP.

Installée dans une ancienne colonie de vacances propriété de la commune de Dolus, la Cailletière, elle formera "un lieu alternatif où vont se retrouver activités culturelles et de solidarité", comme notamment de la restauration à base de produits locaux.

"On a quatre hectares dont deux vont être semés pour alimenter les cuisines du restaurant baptisé La colo et fournir les Restos du coeur", expliquait en début d'année le maire qui compte "à terme".

Reste qu'un collectif de partisans d'un restaurant McDonald's s'est aussi crée dans sa ville. Selon eux, cette résistance est un vrai manque à gagner pour la commune. Ils évoquent les "40 CDI et 30 CDD qui ne se refusent pas". "On n'a rien contre un projet alternatif, mais on refuse que, pour des convictions personnelles, le maire empêche les gens d'avoir accès à un commerce quel qu'il soit", explique à l'AFP Marc, membre du collectif pro-MacDo.

L'audience devant la cour d'appel administrative de Bordeaux est prévue à la mi-juillet. Reste à voir qui l'emportera : McDo ou Mac Dol ?

Par L'Obs

Lire sur le site de L'Obs (22/04/2018)