Genève : plus de 2 000 sans-papiers régularisés
 Lancée en février 2017, l’opération visait principalement le travail au noir qu’il fallait éradiquer, Elle s’est clôturée le 31 décembre dernier. L’idée avait été portée par le Conseil d’Etat dès 2005, alerté par la situation des travailleurs sans-papier, vivant de manière illégale et précaire. Le bilan très positif de la campagne a balayé les craintes d’appel d’air et d’appel à l’aide sociale qui alimentaient les critiques du projet.

Triple problème

Le travail au noir présente une perte pour les assurances sociales, crée de l’injustice et de la précarisation pour les travailleurs non déclarés et incite certains employeurs à se détourner des lois. Il fallait y remédier : d’une part alerter les employeurs et d’autre part offrir la possibilité aux travailleurs concernés, de régulariser leur situation avec des mesures d’accompagnement. Cet accompagnement a été réalisé.

Canton de Genève précurseur

L’opération menée avec la participation des associations, avec le Secrétariat d’Etat aux migrations et le Centre de contact Suisses-Immigrés se solde par une réussite « gagnant-gagnant » comme a aimé le souligner Mauro Poggia, conseiller d’Etat chargé du DSES. L’enquête sur l’évaluation du projet de l’enquête, menée dans le cadre de l’Université de Genève et basée sur un échantillonnage, conclut qu’il n’y a pas d’appel d’air significatif d’un secteur d’activité à un autre et que seulement 0,8 % des personnes interrogées ont recouru temporairement à l’aide sociale.

Retrouver une identité

Après régulation, les travailleurs étrangers peuvent obtenir une ligne téléphonique, louer un logement en leur nom, inscrire leurs enfants dans les écoles et en apprentissage. Ils peuvent même au besoin se rendre dans leur pays et revenir. « L’essentiel, selon un témoignage, est surtout de ne pas craindre le regard de l’autre  ».

En chiffres…

Sur 1 834 dossiers contrôlés (Office cantonal de l’inspection et de la relation du travail) 22% infractions constatées, 70% sans infraction et 79% des dossiers en infraction régularisés. 437 familles, 676 parents 727 enfants, 24 couples sans enfant et 939 célibataires. 62% de femmes, 56% originaire d’Amérique Latine, 20% d’Asie, 20% d’Europe de l’Est. Secteur le plus impacté : l’économie domestique (72%), dont 59% régularisés. Gain pour les assurances sociales : 5,7 millions de francs suisses.

Par Jacqueline Schmitz (publié le 27/02/2020)
A lire sur le site L'essor Savoyard