L’Écosse va offrir des protections hygiéniques à des femmes précaires
L’Écosse va bientôt conduire un projet a priori inédit dans le monde : au moins 1 000 jeunes filles et femmes vont recevoir des protections hygiéniques gratuitement pendant six mois.

Le gouvernement écossais va conduire un projet pilote original : au moins 1 000 femmes et filles à faibles revenus vont recevoir gratuitement des protections hygiéniques. Selon The Scotsman, il pourrait bien s’agir de la première initiative nationale de ce genre financée par un gouvernement. C’est la CFINE (Community Food Initiatives North East), une entreprise sociale, qui va gérer le projet, lequel va s’étendre sur six mois et prendre place à Aberdeen, la troisième ville d’Écosse. Des tampons et serviettes hygiéniques seront ainsi distribués dans trois établissements du secondaire, ainsi que dans plusieurs organisations qui s’occupent de la santé des femmes.

Un "premier pas" vers un accès national gratuit

Angela Constance, la secrétaire aux Égalités, a déclaré qu’il était "inacceptable qu’une femme ou une fille en Écosse ne puisse pas avoir accès aux produits hygiéniques", et que le gouvernement explorait donc "les façons de rendre ces produits accessibles aux groupes à petits revenus". Selon elle, ce projet pilote n’est qu’un "premier pas pour aider à comprendre les obstacles auxquels les femmes et les filles sont confrontées, et aider à développer une solution sensible et digne pour que ces produits deviennent accessibles à celles qui en ont besoin".

Comme le rapporte également The Scotsman, le directeur général de la CFINE, Dave Simmers, est bien conscient de la difficulté des femmes les plus pauvres à se procurer des protections hygiéniques. Il a évalué le coût de ces protections sur une vie à 5 000 livres (soit plus de 5 600 euros). Un budget conséquent, qui a comme conséquence que de nombreuses filles et femmes se voient forcées d’adopter "des méthodes inadaptées ou de manquer l’école", et se servent de papier journal ou de papier toilette.

La question n’est pas nouvelle en Écosse : cela fait en effet un an que la députée travailliste Monica Lennon alerte sur la condition des femmes pauvres – y compris des élèves qui n’ont d’autre choix que de manquer l’école pendant leurs règles – et demande que le pays suive l’exemple de la ville de New York. En 2016, cette dernière est devenue la première ville des États-Unis à rendre accessibles gratuitement les produits d’hygiène féminine dans les écoles publiques, les prisons et les centres pour sans-abri.

Une façon de lutter contre "la pauvreté, les stigmates et la maltraitance" des femmes

Si Monica Lennon a salué le projet pilote lancé à Aberdeen, elle a néanmoins insisté sur l’urgence d'"aller plus loin pour aider les femmes et les filles du pays qui sont confrontées à un combat mensuel pour avoir accès aux protections dont elles ont besoin". The Scotsman rapporte que la députée veut assurer au plus vite un accès national à des protections hygiéniques gratuites :

"Nous devons mettre un terme à la pauvreté liée aux règles et améliorer l’accès aux protections hygiéniques en Écosse. C’est pourquoi je vais bientôt lancer une consultation sur une proposition de projet de loi qui donnera à toutes les femmes en Écosse le droit d’accéder gratuitement à ces produits, peu importent leurs revenus."

La pauvreté n’est en effet pas le seul obstacle qui empêche certaines femmes d’accéder à ces protections. La directrice générale de l’association caritative Scottish Women’s Aid, le docteur Marsha Scott, a expliqué au site du journal que le droit à une protection hygiénique constitue un droit humain "énormément restreint par la pauvreté, les stigmates et la maltraitance". Leur gratuité permettrait donc également une plus grande autonomie des femmes, ce qui enlèverait par exemple un levier de contrôle aux auteurs de violences conjugales.

Par Mélissa Pérraudeau (12/07/2017)
A lire sur le site de Konbini

Commentaire de l'équipe de Bonnes nouvelles :

Ce projet est un premier pas positif. Bien sûr, encore faut-il qu'il se concrétise, et surtout s'étende à tous les pays. Ne serait-il pas temps que les protections hygiéniques soient intégralement remboursées par la sécurité sociale ? Sans oublier bien sûr de garantir une production sans aucune produit toxique, ce qui n'est pas le cas pour l'instant, puisque des études ont montré que 85% des tampons et serviettes hygiéniques contiendraient du glyphosate (source : le figaro , 29/10/2015)