Le Brésil renonce aux méga-barrages en Amazonie
C’est un triomphe pour les écologistes et les indigènes du Brésil : le gouvernement a annoncé la fin de tous les projets de méga-barrage en Amazonie. Officiellement motivée par le respect de la nature et des indigènes, cette décision pourrait également avoir été prise pour des raisons économiques.

Le ministre de l’Énergie tire un trait définitif sur le projet de barrage à São Luiz do Tapajós. Les indigènes Mundurukú et des activistes du monde entier s’étaient vigoureusement opposés au projet. Sauvons la forêt a participé en collectant 210 172 signatures. Suspendu en août 2016 par l’agence brésilienne pour l’environnement IBAMA, le projet semble désormais définitivement enterré.

La forêt des Mundurukú est ainsi préservée.

Le secrétaire exécutif du ministère de l’Énergie, Paulo Pedrosa, a annoncé ce surprenant changement de stratégie dans le journal O Globo. Selon lui, l’opposition des défenseurs de l’environnement et des communautés indigènes aurait joué un rôle déterminant. Des observateurs pensent néanmoins que cette décision a surtout été motivée par des raisons économiques avec la privatisation imminente du groupe énergétique Eletrobras et l’incapacité de la banque de développement brésilienne BNDES de financer des projets hydroélectriques de plusieurs milliards de dollars. À cela s’ajoute la révélation d’un scandale de corruption, qui ébranle profondément la classe politique brésilienne, l’économie et le grand public et dans lequel les grands groupes de BTP jouent un rôle central.

Les défenseurs de l’environnement attirent toutefois l’attention sur le fait qu’au Brésil, les annonces faites par les politiciens sont rarement suivies de faits. Des élections vont par ailleurs avoir lieu à la fin de l’année et un nouveau gouvernement pourrait de nouveau ressortir les projets méga-barrages du tirroir.

De manière générale, le gouvernement du Président Temer fait preuve de peu de considération envers l’environnement et les droits des peuples indigènes. Il met en œuvre un ensemble de mesures et d’initiatives législatives, qui lui permettront d’empêcher l’établissement de nouvelles zones de protection, de réduire les réserves existantes et de bloquer la reconnaissance officielle des territoires indigènes, afin de faciliter l’exploitation forestière, le développement agricole et l’extraction minière.

A lire sur Sauvonslaforet (11/01/2018)