Marche pour le climat : «On est là pour une planète verte»
A New York, près de 100.000 manifestants ont observé une minute de silence dimanche. A Paris, la police a comptabilisé 5.000 personnes.

Ce dimanche, pour la première fois, une Marche mondiale pour le climat était organisée aux quatre coins du monde, deux jours avant le sommet des Nations Unies sur le changement climatique.

D'Alep en Syrie à Towsnville en Australie, en passant par Paris et New York, plus de 2500 défilés étaient prévus dans 136 pays tout ce week-end.

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A New York, la politique climatique d’Obama? «Too little, too late»

New York a accueilli la plus grande manif climatique de l’histoire. A 12h58 dimanche à Columbus Circle, en plein cœur de Manhattan, près de 100 000 manifestants ont observé une minute de silence pour les victimes du réchauffement climatique. Le cortège est ensuite reparti dans une cacophonie de trompettes, tambours et autres cuivres censés donner l’alarme.

Cette marche a lieu deux jours avant l’ouverture d’un sommet climat au siège des Nations-Unies auquel ont été conviés près de 140 chefs d’Etat. Ceux-ci arriveront mardi dans la Grosse pomme à l’invitation de Ban Ki-Moon. Objectif : mobiliser tous les pays pour obtenir un accord lors de la conférence onusienne pour le climat en décembre 2015 à Paris.

Les ministres français qui accueilleront la COP21 à Paris ne pouvaient donc pas ne pas être du cortège new-yorkais. Laurent Fabius et Ségolène Royal, toute de vert vêtue, ont donc défilé aux côtés du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, du maire de New York Bill de Blasio, de la militante Jane Goodall et de l’ex vice-président Al Gore.

Entourée de caméras et d’un service d’ordre conséquent, la brochette VIP a foulé les pavés new-yorkais une heure avant de quitter le cortège. «Cette mobilisation est capitale pour obtenir un accord à Paris en 2015» a prévenu Laurent Fabius en marge de la marche. Plus loin, ce sont les acteurs Leonardo di Caprio, Mark Ruffalo mais aussi les sénateurs démocrates Bernie Sanders, Chuck Schumer et Sheldon Whitehouse qui ont rejoint le cortège.

Que les chefs d'Etat agissent !

Au total, plus de 1400 organisations ont appelé au rassemblement : des groupes LGBT aux scientifiques, en passant par les communautés indigènes, les étudiants et les membres du clergé. Entre banderoles anticapitalistes, slogans anti-fracturation hydraulique, plébiscites pour les énergies renouvelables… Les 100 000 personnes qui marchent n’avaient qu’un espoir : que leurs chefs d’Etat agissent. « Il est presque trop tard », signale ce prof de maths venu d’Okalhoma avec une banderole qui demande à ce que l’on taxe Wall Street.

Kim et Kathleen ont toutes les deux 57 ans. Le 1er mars, elles sont parties de Los Angeles pour une marche qui doit les conduire à Washington le 1er novembre. Avec une quarantaine de marcheurs, elles mobilisent les Américains de ville en ville. «Obama est plein de contradictions, il veut s’occuper du climat mais autorise le pipeline Keystone XL ou la fracturation hydraulique qui inonde le monde entier de gaz naturel. Il faut sortir des fossiles.»

«Moi je suis là pour mes petits-enfants»

Avec son vélo bardé de sacoches, Charles Chandler vient de loin. Ce «greenrider» a le teint hâlé des cyclistes de plein air. Depuis le 12  avril, il sillonne les Etats-Unis pour mobiliser autour du climat. «Moi je suis là pour mes petits-enfants, nous ne pouvons pas rester à rien faire. Il n’empêche, avec notre système politique, le président des Etats-Unis ne peut pas faire grand chose. D’ailleurs, c’est complètement fou de dire une chose pareille !»

Avec un Congrès aux mains des Républicains, l’administration américaine a le plus grand mal à faire passer des mesures fortes en faveur du climat. Le parti républicain ne croit pas aux changements climatiques d’origine entropique et bloque toutes les réformes en cours.

Plus loin dans le cortège, les chercheurs de l’Union of concerned scientists arborent leurs blouses blanches pour signifier que «le débat est clos». «L’administration Obama est en retard mais elle se met doucement en marche, précise Peter Frumhoff un des responsables de l’organisation, la nouvelle régulation sur les HFC (gaz réfrigérants) prise la semaine dernière va dans le bon sens, ainsi que la nouvelle législation qui limite les émissions de CO2 des centrales à charbon. »

A Paris: «Arrêtons de croire qu'on ne peut rien faire»

Près de 5 000 personnes selon la police ont manifesté dans une ambiance plutôt familiale, en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.

Plusieurs personnalités étaient présentes comme la navigatrice engagée Catherine Chabaud, la patronne des Verts Emmanuelle Cosse, l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, l’ex-coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon ou le chanteur Patrice.

Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète, a pris la parole sur une scène installée devant l’Hôtel de ville, sur laquelle figurait la banderole «Paris marche pour le climat».

«Hier, on pouvait dire qu’on ne savait pas. Aujourd’hui, on sait. Le changement (climatique) est déjà en marche», a notamment déclaré Nicolas Hulot, qui la veille avait sonné «la mobilisation générale» dans les colonnes du Parisien.

Par Laure Noualhat (envoyée spéciale à New York) et Amandine Cailhol (à Paris) - 21 septembre 2014

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