Paris lance un « plan piétons » pour rééquilibrer l’espace public
Espaces végétalisés et aménagés, trottoirs élargis, axes routiers « apaisés »… Avec un budget global de près de 90 millions d’euros, la Ville de Paris lance un « plan piétons » qui vise à réduire toujours davantage la place de la voiture dans la capitale.

« La marche n’a jamais fait l’objet d’une politique municipale structurée et dédiée alors qu’elle représente 60 % des déplacements à Paris, a rappelé Christophe Najdovski (EELV), adjoint aux transports de la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), lors d’un point presse, lundi 23  janvier. L’objectif de ce plan, c’est la qualité de vie, la qualité de l’air, le confort et la sécurité des piétons dans l’espace public. » Selon lui, seulement 13 % des déplacements des Parisiens se font en voiture, mais celle-ci occupe 50 % de l’espace public.

Dans tous les arrondissements de Paris, des dizaines de projets – dont certains sont déjà en cours – devront désormais « favoriser la marche urbaine comme mode de déplacement » et rendre les rues de la capitale « plus sûres et plus accueillantes ».

Après le plan vélo de mars 2015 et alors que la piétonnisation des voies sur berge de la rive droite mise en place en octobre 2016 continue de faire polémique, Mme Hidalgo soumettra au Conseil de Paris, lors de sa prochaine séance prévue du lundi 30 janvier au mercredi 1er février, une « stratégie piéton » à décliner d’ici à 2020.

Dès cette année, chaque arrondissement sera doté d’une « rue aux enfants » piétonnisée et jalonnée de jeux. Des « zones de rencontre » seront instituées – notamment aux abords des squares – au sein desquelles la circulation sera tolérée à un maximum de 20 km/h, mais où piétons et cyclistes auront désormais la priorité. Leurs trottoirs seront élargis et végétalisés comme, par exemple, rue des Petits-Champs, à cheval entre les 1er et 2e arrondissements, ou rue des Lilas, dans le 19e.
Information optimisée

Les terre-pleins centraux de certains boulevards seront transformés en promenade « sportive, verte et culturelle » comme boulevards de Charonne et de Ménilmontant (11e et 20e). Sur les grands axes, les passages piétons seront élargis ou multipliés en tenant compte des trajectoires naturelles observées, notamment sur les Champs-Elysées (8e), sur l’avenue du Général-Leclerc (14e), rue de Rivoli (1er) ou dans le secteur de l’Opéra (9e). La durée du feu vert à l’usage des piétons sera augmentée, et des places de stationnement seront transformées en terrasses ou en espaces de repos équipés de bancs. L’information des piétons sera également optimisée grâce à des plans de la ville indiquant les temps de trajet à pied.

D’ici à 2020, la maire de Paris souhaite limiter la vitesse à 30 km/h dans l’ensemble de la capitale, exception faite des grands axes

Ces aménagements s’ajoutent à d’autres mesures déjà annoncées par la municipalité. Réfection de sept places (Bastille, Fêtes, Gambetta, Italie, Madeleine, Nation, Panthéon) et remise en valeur de six autres, comme celle du Colonel-Fabien ; restructuration de la rue de Rivoli ; piétonnisation des 3e et 4e arrondissements, situés au centre de Paris, une zone qui ne sera accessible qu’aux riverains, bus, taxis et véhicules de livraison, mais interdite au trafic de transit.

Il s’agit de diminuer la place de la voiture mais aussi son empreinte. D’ici à 2020, la maire de Paris souhaite limiter la vitesse à 30 km/h dans l’ensemble de la capitale, exception faite des grands axes (Champs-Elysées, boulevard des Maréchaux, avenue du Général-Leclerc…), soit « 10 % à 15 % » de la voirie qui pourront toujours être empruntés à 50 km/h. La vitesse autorisée est actuellement de 30 à 50 km/h sur la moitié des voies parisiennes.

« Ce que fait Paris, toutes les grandes villes le font déjà », a plaidé l’adjoint aux transports de la maire de Paris. Il a cependant précisé que, dans le cadre du plan piéton, des concertations seront menées au cas par cas avec les maires d’arrondissement, les conseils de quartier et les riverains. « Il s’agit de remettre la voiture à sa juste place », a-t-il martelé. Une simple logique de partage de l’espace et de diversification des modes de déplacement, selon lui.

Par Patricia Jolly

A lire sur lemonde.fr (24/01/2017)