Saisies record de 461 millions d’euros sur les actifs d’un grand et discret propriétaire du « triangle d’or » parisien
Adrien Labi chérissait la discrétion, mais ses démêlés avec le fisc en ont décidé autrement. Mercredi 8 mars, la justice a effectué des saisies records, à hauteur de 461 millions d’euros – le montant habituellement récupéré en une année en France par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués – sur les actifs de ce propriétaire de nombreux biens à Londres et dans le « triangle d’or » parisien, selon les informations de BFM-TV confirmées par Le Monde. Ces saisies, effectuées à la suite de sa mise en examen ce mercredi pour « fraude fiscale », « omission de passation d’écriture comptable » et « blanchiment de fraude fiscale », visent à « garantir le paiement d’une éventuelle amende et la régularisation de sa situation fiscale », a fait savoir le Parquet national financier (PNF). M. Labi devra par ailleurs s’acquitter d’un cautionnement de 30 millions d’euros dans le cadre de son contrôle judiciaire.

Des sommes gargantuesques, à la hauteur du patrimoine et du mystère entretenu par M. Labi. Selon les informations du Monde, ce Britannique, né en Libye, enchaîne depuis 2002 les achats d’immeubles dans les quartiers les plus huppés de la capitale, du Champ-de-Mars à l’avenue Marceau, en passant par le Trocadéro et les Champs-Elysées. Ses opérations passent généralement par des sociétés civiles immobilières, possédées elles-mêmes par des entreprises – d’abord une structure franco-luxembourgeoise, puis une entreprise danoise.

Plaintes en 2014 et 2015

Fin connaisseur des règles fiscales, M. Labi avait en effet repéré que la convention liant Paris et Copenhague laissait subsister un flou sur le cas des propriétaires danois en France – qu’il s’agisse de personnes physiques ou d’entreprises domiciliées dans le pays –, au point qu’ils ne sont ni taxés en France… ni au Danemark. Une curiosité fiscale qui subsistera jusqu’en 2009, date à laquelle Copenhague dénoncera cette convention.

L’année suivante, la justice française commence à s’intéresser à M. Labi. Une première enquête préliminaire est ouverte, quelques auditions sont menées par la brigade financière, mais le dossier est finalement classé sans suite, faute d’éléments probants. En 2014 et en 2015, l’administration fiscale dépose deux nouvelles plaintes. Cette fois, c’est le Parquet national financier, tout juste né des suites du scandale Cahuzac, qui s’en saisit.
Lire notre archive (2015) : Article réservé à nos abonnés Le propriétaire fantôme du Triangle d’or parisien

Il ouvre à l’encontre de M. Labi une enquête préliminaire, le soupçonnant de défaut de paiement de l’impôt sur le revenu, de l’impôt de solidarité sur la fortune et de l’impôt sur la fortune immobilière. Les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales sont chargés de décortiquer son patrimoine...

Par Laura Motet (publié le 09/03/2023)
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