En Irak, des femmes à vélo pour affirmer leur liberté. Un symbole fort
Son nom est Marina Jaber, aussi surnommée « la fille au vélo ». À Bagdad, cette jeune artiste est devenue une source d’inspiration pour toutes les autres irakiennes voulant affirmer leur liberté en pédalant.

Cela fait quelques mois maintenant que cette jeune musulmane de 25 ans n’hésite plus à sortir son vélo rouge et à pédaler les cheveux au vent, une pratique qui est sujette aux critiques dans une société conservatrice

La création d’une icône, l’initiation d’un mouvement. Une action que l’on qualifierait nous, occidentaux, de banale, et pourtant la jeune femme a créé un véritable mouvement collectif. En effet, la pratique a été relayée sur les réseaux sociaux par des partages mais également des hashtags et cela ne s’arrête pas là, dans la société civile, des promenades de femmes à vélo ont maintenant lieu de manière régulière dans la capitale irakienne.

Lorsque l’on interroge la source de ce phénomène de société, elle répond simplement que sa mère et sa grand-mère étaient toutes les deux habituées à faire du vélo, il était donc normal pour elle de monter sur sa scelle afin de pédaler. Elle ajoute également que la société ne nous interdit pas certaines choses mais les rejette car nous arrêtons de les faire. C’est donc pour cela qu’il lui semblait important de monter en scelle et montrer à tout le monde qu’il est possible et normal pour une femme de faire du vélo dans les rues de Bagdad. Aujourd’hui, Marina totalise plus de 30.000 abonnés sur son compte Instagram avec des clichés artistiques illustrant le regard des gens sur sa personne lorsqu’elle pédale dans les rues. Au début, les gens semblaient interloqués par ce genre de pratique, mais au fil du temps, les habitants des quartiers s’y sont habitués.
En bravant les tabous, la jeune artiste veut transmettre à toutes les jeunes femmes qu’il est possible de vivre sa vie pleinement en faisant toutes les choses que l’on désire et ce, peu importe les restrictions sociales et religieuses.

Aujourd’hui, certaines irakiennes n’hésitent plus à parcourir les rues sur leur vélo en allant même jusqu’à poser des clichés d’elles-mêmes sur les réseaux sociaux.
Le vélo n’a jamais été illégal, cependant les traumatismes de la guerre dans les années 2000 ainsi que la lutte incessante face à l’État islamique ont freiné beaucoup d’irakiens, et c’est ce que déplore Marina.

Une initiative banale qui s’est propagée comme étant un véritable mouvement, voici le récit de l’action de Marina Jaber, jeune artiste devenue une source d’inspiration et d’espoir pour les femmes de Bagdad. Il n’y a plus de craintes à avoir, vivons nos désirs et bravons nos peurs, la triste réalité que vit l’Irak depuis une dizaine d’années peut changer par des pratiques courantes.

Par Yannis Ladghem

Lire sur La Relève et la Peste (12/02/17)