16 Fév 2016
A Hambourg, la grande ville portuaire du nord de l’Allemagne, on ne servira plus de café en capsules dans les administrations. On n’y boira plus ni l’eau ni la bière dans des emballages en plastique jetable, même consignés. Et le ménage se fera uniquement avec des détergents sans chlore. Ce sont quelques-unes des nouvelles réglementations entrées en vigueur fin janvier dans la ville-région, dont l’administration s’est fixé pour objectif de devenir « un modèle en Allemagne » en matière de gestion écologique des approvisionnements et de passation de marchés publics.
Le « Guide pour un approvisionnement écologique » adopté par Hambourg est inédit dans sa portée en Allemagne. Le document de 150 pages expose en détail les standards écologiques à adopter par tous les services de la ville dans leurs achats. Les recommandations y vont des règles à suivre en matière d’acquisition des appareils, systèmes d’éclairage intérieurs et extérieurs, articles d’hygiène et équipements informatiques des bureaux, jusqu’aux modes d’utilisation des équipements de transport en passant par le choix des textiles des uniformes. Le guide recommande ainsi d’offrir des alternatives aux voitures de fonction en mettant à la disposition des agents de la ville des flottes de vélos ou des abonnements aux transports en commun.
De manière générale, les acheteurs sont invités à s’interroger « sur l’opportunité d’un achat de bien ou de service s’il peut être évité », sur le coût et l’impact environnemental de l’acquisition d’un produit sur tout son cycle de vie, de sa production à son élimination. Au-delà de ces recommandations, plus ou moins contraignantes, le guide énonce une courte liste de produits à éviter dans tous les cas : outre la très médiatisée interdiction des capsules de café, les bouteilles, les couverts et assiettes en plastique à usage unique et les désodorisants d’intérieur, considérés comme trop polluants ou gourmands en ressources, ne pourront désormais plus être achetés avec l’argent du contribuable à Hambourg.
Ne pas générer de surcoût
« Sur le principe, la démarche a fait l’objet d’un large consensus », explique Jan Dube, porte-parole de la ville sur les questions environnementales et énergétiques. Seul point de friction : la crainte d’une trop grande bureaucratie, qui a conduit les porteurs du projet à introduire des aménagements pour les achats inférieurs à 500 ou 1 000 euros. M. Dube précise que ces mesures sont conçues pour ne pas générer de surcoût à moyen terme pour la ville : le guide table sur les économies réalisées en énergie et en consommations intermédiaires pour compenser l’éventuel surcoût de certains achats plus écologiques.
La ville n’achète déjà plus d’eau minérale : des fontaines d’eau réfrigérée reliées au réseau permettent de remplir verres et carafes dans les administrations. Et Hambourg ne compte pas s’arrêter là : la liste de produits recommandés et interdits est destinée à s’allonger dans l’avenir. « Les recommandations actuelles sont écologiques, mais nous aimerions que la prochaine version soit plus sociale et durable, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aussi aux conditions de fabrication des produits », poursuit M. Dube.
La portée de cette décision est considérable. Hambourg, avec 1,8 million d’habitants, est la seconde ville allemande après Berlin. Mais c’est surtout la cité la plus riche du pays : chaque année, elle génère 103 milliards d’euros de richesses, soit 53 000 euros par habitant, loin devant la Bavière, où le PIB par habitant est de moins de 40 000 euros par an. Le budget achats de Hambourg est en conséquence très élevé : la cité portuaire dépense 250 millions d’euros chaque année en achats de biens et de services.
Hambourg la prospère est aussi une des villes où le parti Verts est le mieux implanté et participe au gouvernement local depuis presque huit ans, depuis 2011 avec le SPD. En 2008, les Verts avaient formé la première coalition locale avec la CDU, une alliance considérée à l’époque comme symptomatique du mouvement écologiste en Allemagne, où le souci de protection de l’environnement est très répandu chez les urbains à hauts revenus, souvent marqués au centre et à droite.
Par Cécile Boutelet (15/02/2016)
A lire sur le site du Monde
Le « Guide pour un approvisionnement écologique » adopté par Hambourg est inédit dans sa portée en Allemagne. Le document de 150 pages expose en détail les standards écologiques à adopter par tous les services de la ville dans leurs achats. Les recommandations y vont des règles à suivre en matière d’acquisition des appareils, systèmes d’éclairage intérieurs et extérieurs, articles d’hygiène et équipements informatiques des bureaux, jusqu’aux modes d’utilisation des équipements de transport en passant par le choix des textiles des uniformes. Le guide recommande ainsi d’offrir des alternatives aux voitures de fonction en mettant à la disposition des agents de la ville des flottes de vélos ou des abonnements aux transports en commun.
De manière générale, les acheteurs sont invités à s’interroger « sur l’opportunité d’un achat de bien ou de service s’il peut être évité », sur le coût et l’impact environnemental de l’acquisition d’un produit sur tout son cycle de vie, de sa production à son élimination. Au-delà de ces recommandations, plus ou moins contraignantes, le guide énonce une courte liste de produits à éviter dans tous les cas : outre la très médiatisée interdiction des capsules de café, les bouteilles, les couverts et assiettes en plastique à usage unique et les désodorisants d’intérieur, considérés comme trop polluants ou gourmands en ressources, ne pourront désormais plus être achetés avec l’argent du contribuable à Hambourg.
Ne pas générer de surcoût
« Sur le principe, la démarche a fait l’objet d’un large consensus », explique Jan Dube, porte-parole de la ville sur les questions environnementales et énergétiques. Seul point de friction : la crainte d’une trop grande bureaucratie, qui a conduit les porteurs du projet à introduire des aménagements pour les achats inférieurs à 500 ou 1 000 euros. M. Dube précise que ces mesures sont conçues pour ne pas générer de surcoût à moyen terme pour la ville : le guide table sur les économies réalisées en énergie et en consommations intermédiaires pour compenser l’éventuel surcoût de certains achats plus écologiques.
La ville n’achète déjà plus d’eau minérale : des fontaines d’eau réfrigérée reliées au réseau permettent de remplir verres et carafes dans les administrations. Et Hambourg ne compte pas s’arrêter là : la liste de produits recommandés et interdits est destinée à s’allonger dans l’avenir. « Les recommandations actuelles sont écologiques, mais nous aimerions que la prochaine version soit plus sociale et durable, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aussi aux conditions de fabrication des produits », poursuit M. Dube.
La portée de cette décision est considérable. Hambourg, avec 1,8 million d’habitants, est la seconde ville allemande après Berlin. Mais c’est surtout la cité la plus riche du pays : chaque année, elle génère 103 milliards d’euros de richesses, soit 53 000 euros par habitant, loin devant la Bavière, où le PIB par habitant est de moins de 40 000 euros par an. Le budget achats de Hambourg est en conséquence très élevé : la cité portuaire dépense 250 millions d’euros chaque année en achats de biens et de services.
Hambourg la prospère est aussi une des villes où le parti Verts est le mieux implanté et participe au gouvernement local depuis presque huit ans, depuis 2011 avec le SPD. En 2008, les Verts avaient formé la première coalition locale avec la CDU, une alliance considérée à l’époque comme symptomatique du mouvement écologiste en Allemagne, où le souci de protection de l’environnement est très répandu chez les urbains à hauts revenus, souvent marqués au centre et à droite.
Par Cécile Boutelet (15/02/2016)
A lire sur le site du Monde