Roumanie: la justice reste intraitable avec les politiciens condamnés
La Cour constitutionnelle de Roumanie a maintenu jeudi une interdiction pour les hommes politiques condamnés d'entrer au gouvernement, douchant les espoirs de l'actuel chef des sociaux-démocrates au pouvoir de devenir Premier ministre.
Les neuf juges de la Cour avaient repoussé à quatre reprises ces derniers mois une décision sur cette question sensible, sur fond de forte mobilisation des Roumains contre des tentatives de la majorité de gauche de freiner la lutte anticorruption.
Assouplissement controversé d'une loi anti-corruption
Le président de la Cour et ancien député social-démocrate Valer Dorneanu a récemment déclaré qu'il s'agissait de "la solution la plus difficile que la Cour ait été appelée à rendre, la question ayant une lourde teneur politique".
Selon une loi datant de 2001, aucun homme politique frappé d'une condamnation ne peut accéder à un poste de ministre.
Condamné en avril 2016 à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale, le président du parti social-démocrate (PSD) Liviu Dragnea a ainsi dû renoncer à prendre la tête du gouvernement, malgré la victoire de son parti aux législatives de décembre.
Estimant que cette interdiction "contrevient à la Constitution", le défenseur des droits Victor Ciorbea en avait saisi la Cour début janvier. Une démarche critiquée par l'opposition et les médias, qui y ont vu un pas en arrière dans les efforts pour assainir la classe politique. Moins d'un mois plus tard, un assouplissement controversé de la législation anticorruption adopté par le gouvernement de Sorin Grindeanu, abrogé par la suite, a suscité une vague de contestation inédite depuis la chute du régime communiste en Roumanie.
Mercredi, l'adoption par une commission parlementaire d'un amendement législatif qui prévoit de gracier certains condamnés pour faits de corruption a une nouvelle fois déclenché des protestations à Bucarest et dans plusieurs grandes villes.
Critiqué par MM. Dragnea et Grindeanu, cette commission a fait machine arrière jeudi et retiré son amendement.
Entrée dans l'UE en 2007, la Roumanie enregistre depuis quelques années des succès notables dans la lutte anticorruption, un domaine qui est sous la stricte surveillance de Bruxelles.

A lire sur rtbf.be (04 mai 2017)