En Estonie, on ne paiera plus pour prendre le bus
L'Estonie est le premier pays du monde à décréter la gratuité des transports en commun routiers sur tout le territoire.

Les voyageurs en rêvaient, l'Estonie l'a fait. Dans l'espoir de limiter l'exode rural et la consommation de combustibles fossiles, les autorités ont décidé de rendre les transports en commun gratuits. "Il existe bien des villes et des régions en Europe où les transports en commun sont gratuits, mais jusqu'à présent il n'y a pas eu de projet de transport public gratuit à l'échelle nationale", s'est félicité Kadri Simson, la ministre de l'Économie et des Infrastructures. Depuis mi-juillet, onze des quinze comtés estoniens ont mis en place la gratuité sur leurs réseaux.

"Nous cherchions comment animer les régions rurales, arrêter l'exode vers les villes", a précisé la ministre, soulignant que le programme est le fruit de discussions entre le gouvernement central et les comtés. "Au niveau d'un comté, le transport gratuit par bus vise principalement à créer des possibilités pour la mobilité des habitants des régions rurales, afin de leur garantir l'accès aux services quotidiens", a-t-elle précisé.

Le parlement estonien a décidé l'an dernier de limiter la consommation nationale de carburant issu de ressources non renouvelables. Objectif: qu'en 2030, la consommation ne dépasse celle qu'on observait en 2012. "Cela signifie que nous devons trouver des moyens pour encourager les gens à voyager de manière plus écologique, par exemple en utilisant les transports en commun", a expliqué Kadri Simson, soulignant que cela pourrait contribuer à limiter le nombre de voitures particulières.

L'exemple de la capitale Tallin

Depuis 2013, les bus urbains sont gratuits sont à Tallinn. Le maire de la capitale, Taavi Aas, insiste sur le succès du projet malgré la croissance du nombre de voitures dans la ville. La moitié des utilisateurs des transports publics à Tallinn affirment avoir commencé à prendre les transports en commun plus souvent depuis qu'ils sont gratuits, selon l'enquête annuelle de satisfaction citoyenne, réalisée en 2017. Cependant, les critiques s'inquiètent de l'impact potentiellement négatif des bus gratuits sur le trafic ferroviaire alors qu'il faudra toujours acheter un billet pour voyager en train.

L'opérateur national Elron affiche pourtant son calme et se vante du nombre grandissant de ses passagers, en hausse de 8% cette année. "La principale question est de savoir si le réseau des bus au niveau des comtés va soutenir ou concurrencer les trains, et cela est valable aussi bien pour les lignes de bus gratuites que payantes", a estimé Ronnie Kongo, le directeur des ventes et du développement d'Elron. "À plus long terme, le trafic ferroviaire peut croître et se développer aussi dans les régions où le nombre de passagers augmente", a-t-il ajouté.

Par A.M. avec AFP (publié le 26/07/18)
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