Transports publics : une trentaine de villes ont fait le choix de la gratuité
Depuis 1975, des communes s’interrogent sur la pertinence de leur modèle de transports publics et, parfois, à l’heure de la transition écologique, font le choix d’un accès libre.

La semaine passée, Nicolas Leday était de passage à Paris, comme souvent. Pour se rendre à son rendez-vous, il grimpe dans un bus de la RATP. A peine installé sur un siège vacant, le chauffeur l’interpelle : « Hey, le comique, vous ne payez pas votre place vous ? » « Je n’y avais même pas pensé », confesse le vice-président de l’agglomération de Compiègne. Il est vrai que dans cette commune de l’Oise, les lignes de bus sont totalement gratuites depuis 1975. C’était une première en France. Aujourd’hui, une trentaine d’agglomérations font de même, dont la communauté urbaine de Niort (Deux-Sèvres) et ses 150 000 habitants, dès septembre.
A Compiègne, c’est le député et maire Jean Legendre qui est à l’origine de la mesure. Celui-ci avait constaté que les ménages de sa commune n’avaient souvent qu’un véhicule, et ce au détriment de la vie quotidienne et professionnelle des femmes. L’idée était de leur permettre un meilleur accès au centre-ville. Un « coup de pouce social et économique, à la fois pour les entreprises et pour les foyers », résume Nicolas Leday.
Premier réseau de France
Quarante-deux ans plus tard, « l’héritage politique n’est absolument pas dur à assumer, au contraire », affirme cet élu Les Républicains de l’agglomération. Lui en est persuadé : « La gratuité est tellement entrée dans les mœurs compiégnoises qu’il n’y a aucun retour en arrière possible. » Celle-ci est devenue « une marque de fabrique » de l’agglomération, qui rassemble environ 90 000 habitants et s’enorgueillit d’être le premier réseau de France en termes de fréquentation par habitant, avec 5 millions de trajets par an.
A quoi tient la réussite du modèle compiégnois ? Pour M. Leday, elle réside dans la « solidité du tissu économique local ». Beaucoup d’entreprises y ont établi leur siège social, ce qui permet d’assurer la pérennité financière du système. Le service est entièrement financé...

Par Charlotte Chabas

A lire sur lemonde.fr (18/07/2017)