Des potagers en libre-service
Ils veulent façonner un monde meilleur avec des idées qui peuvent tout changer. Chaque semaine, focus sur une de ces initiatives admirables.
 
Dans une ruelle de Schaerbeek, des messages étonnants fleurissent depuis cet été : «  Nourriture à partager  » ou «  Servez-vous, c’est gratuit  ». En bordure du trottoir, à côté d’un casse vitesse, deux carrés de terre ont été métamorphosés en mini-potagers. Ici, pas d’agenda des tâches ni fils barbelés : «  Chacun est invité à entretenir les plantes et à se servir en fonction de ses besoins, lance Catherine Piette (notre photo), une habitante du quartier. Le plus extraordinaire, c’est que, même sans surveillance, ça pousse à foison !  »
 
Herbes aromatiques, ciboulette, capucines, rhubarbe, garanties sans pesticides, sortent de terre et sont accessibles à tous. «  En quelques mois, les passants ont pu cueillir 15 kilos de courgettes, 10 kilos de tomates et un potimarron de 5 kg  », détaille cette jardinière bénévole. De quoi nourrir un ménage pendant deux semaines. L’idée, simplissime, a germé à 700 km de Bruxelles, dans le comté du Yorkshire, à Todmorden, une ville durement touchée par la désindustrialisation. Trois femmes ont eu l’idée d’utiliser des espaces urbains fertiles, laissés à l’abandon, pour y installer des potagers collectifs où fruits et légumes seraient à la disposition de tous.
 
Très vite, des dizaines de bénévoles se mobilisent. En seulement trois ans, la petite ville anglaise a réussi à atteindre 85 % d’autosuffisance alimentaire. Du jamais-vu. Depuis, cette expérience, baptisée « Incredible Edible » ou les « Incroyables Comestibles », a été reprise dans le monde entier. Et essaime à travers les réseaux sociaux. «  C’est une initiative citoyenne et spontanée, insiste Catherine Piette. Mais à partir du moment où on offre un lambeau de terre aux citadins, ils se rappellent que la nourriture sort du sol. Et ce qui est étonnant, c’est qu’ils ont envie d’en prendre soin  ». Chez nous, une douzaine de collectivités ont d’ores et déjà rejoint le mouvement. Dont 800 bénévoles à Bruxelles et en Wallonie.
 
L’action repose sur un constat simple : plus on plante, plus on sème, plus on récolte. «  L’abondance vient du partage. Plutôt que d’acheter des légumes importés, la nourriture peut être produite localement par chacun, explique Sylvie Vandemeersche, l’importatrice des Incroyables Comestibles à Enghien, dans le Hainaut. Il suffit pour cela d’investir chaque recoin de verdure de la ville. Dans son quartier ou dans sa rue  ». Avec l’accord de la commune, une cinquantaine de bacs seront installés à Enghien après l’hiver. Aussi solidaires sur le web que dans la rue, les volontaires d’Incroyables Comestibles envisagent déjà de mettre en place des ateliers de cuisine, de récupération de compost et de partage de semences.
 
 
 
http://incredibleediblebelgium.wordpress.com
 
www.incroyables-comestibles.be
 
par Rafal Naczyk
 
Publié le 07 novembre 2013
 
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