Pologne : une décision de justice anti IVG reportée suite à la grève massive des femmes
Preuve que la mobilisation féministe paie : le gouvernement conservateur a suspendu la décision du tribunal constitutionnel qui interdisait quasiment tout avortement.

Le gouvernement polonais a retardé la mise en place d’une décision de justice du Tribunal Constitutionnel qui aurait rendu illégaux toutes les Interruptions Volontaires de Grossesse. Cela est une victoire pour les femmes polonaises qui ont manifesté et déclenché des grèves contre cette décision de justice. Depuis le 22 octobre, date à laquelle les possibilités de recours à l'IVG ont été réduites, des manifestations ont en effet eu lieu partout dans le pays, et qualifiées par le Guardian comme les plus massives dans le pays depuis la chute du communisme. Plus de 100 000 personnes se sont rassemblées vendredi à Varsovie, bravant l’interdiction de rassemblement due au coronavirus.

La loi polonaise sur l’avortement est déjà la plus stricte en Europe , et le décision en question jugeait l’IVG illégal même en cas d’un foetus présentant des malformations sévères et irréversibles. Ce type de situation menant à l’avortement était quasiment la seule recensée légalement pour les avortements dans ce pays.
La décision avait même provoqué une réaction outrée de la Commissiaire aux droits de l’Homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic : "Éliminer les motifs de quasiment tous les avortements légaux en Pologne égale pratiquement à les interdire et à violer les Droits de l'Homme». En effet, cette décision «se traduit en avortements clandestins ou (pratiqués) à l'étranger pour ceux qui en ont les moyens et davantage de souffrances chez les autres".
De son côté, Michał Dworczyk, chef de la chancellerie du Premier ministre a déclaré suite à cette suspension :
"Il y a un débat en cours, et il serait bon de prendre le temps du dialogue et de trouver une nouvelle position dans cette situation, ce qui est difficile et remue énormément d’émotions".

Par Mathilde Wattecamps (publié le 04/11/2020)
A lire sur le site Au féminin