États-unis. 70 % des jeunes Américains prêts à voter pour un socialiste
L’enquête annuelle d’une association anticommuniste montre une nouvelle percée d’une notion politique jadis honnie au pays du capitalisme roi.

Ils voulaient faire un bon coup alors qu’approche la célébration du 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Ils en seront pour leurs frais, une fois de plus. L’association anticommuniste Victims of Communism Memorial Foundation a rendu publique son enquête d’opinion annuelle dont les résultats les désespèrent un peu plus chaque année. Il y a deux ans, il apparaissait que les millennials, la génération née aux États-Unis entre 1981 et 1996, avaient une appréciation plus positive du mot « socialisme » que du mot « capitalisme ». L’an dernier, 46 % des membres de cette même génération affirmaient préférer vivre dans une société « socialiste », contre 40 % dans une société « capita­liste » et 6 % dans une société « communiste. »

Que contient la cuvée 2019 ? Nombre d’éléments susceptibles de donner des ulcères politiques aux commanditaires. 70 % des millennials se disent prêts à voter pour un candidat socialiste, une hausse de 10 % en un an. En termes numériques, cela représente un potentiel de 50 millions d’électeurs. Une bonne nouvelle pour Bernie Sanders, qui a ouvert sa campagne par un discours fondamental sur le « socialisme démocratique ». À titre d’exemple, près de la moitié des moins de 45 ans estiment que les études universitaires devraient être totalement gratuites, proposition phare de la campagne du démocrate en 2016. Un cinquième des moins de 35 ans se déclarent favorables à l’abolition de la propriété privée, ce qui est sans doute encore peu pour en faire une proposition politique solide, mais néanmoins notable face à l’unique 1 % des plus de 65 ans qui y sont favorables. Concernant le communisme, 36 % des millennials en ont une appréciation positive (+ 8 % en un an).

Enfin, l’ensemble des Américains estiment que la principale menace contre la paix dans le monde s’appelle… Donald Trump (27 %), devant le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (22 %) et le Russe Vladimir Poutine (15 %). « L’amnésie historique sur les dangers du communisme et du socialisme se révèle dans toute sa splendeur dans le rapport de cette année », se lamente Marion Smith, la directrice de l’association. On peut tirer une autre conclusion : la guerre froide est bel et bien terminée, notamment dans l’esprit des nouvelles générations.

Par Christophe Deroubaix (publié le 06/11/2019)
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